Tri mécano biologique

Nous devons nous positionner assez vite suite à l’annonce impromptue du SYVETOM du choix de l’entreprise SRV VACHER pour la mise en oeuvre d’une unité de tri mécano biologique dont les performances annoncées laissent totalement rêveur !!

90 % de valorisation sur des déchets grossièrement triés, cela paraît pour le moins présomptueux…

Pour alimenter votre reflexion, voici les avis de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) et du CNIID (oordination associative pour une gestion responsable des déchets et contre l’incinération) qui sont très réservés.

Autres interrogations : l’exportation des déchets ultimes dans la Drôme et le brûlage en cimenteries…

Pierre Pommarel

Tri mécanique biologique – CC Puy en Velay

Le Conseil communautaire du Puy en Velay a entériné la décision de se lancer dans le tri mécano biologique des déchets (12M€ de prévu). Le centre devrait être opérationnel fin 2013.

Vous trouverez en pièce jointe deux avis très réservés, pour ne pas dire plus, sur le tri mécano biologique (ADEME + CNIID). C’est potentiellement un sujet sur lequel il faudrait se faire entendre, en Auvergne comme ailleurs.

Voici en quelques mots, les principales failles d’un tel projet, des failles que vous connaissez peut être déjà d’ailleurs :

  1. Le TMB est perçu comme un moyen technologique « magique » : il est capable de traiter une grande quantité d’ordures ménagères mélangées, en impliquant au minimum les citoyens et les producteurs. La réflexion sur le tri et la séparation des déchets est donc reléguée au second plan (sans même parler de prévention en amont). A quoi bon trier, si la technologie le fait pour nous ?
  2. Le TMB n’est pas une solution « écolo », ni une solution pour produire du compost de qualité:
    • le compost produit dans les TMB, doit être conforme à la norme NFU 44051, une norme vouée à être renforcée continuellement selon l’ADEME, car elle n’est pas très ambitieuse. Elle tolère par exemple la présence de métaux lourds dans le compost. Les critères retenus dans cette norme correspondent à ceux qui ont été discutés à Bruxelles pour caractériser un compost « de faible qualité ». C’est donc une obligation légale, mais pas un gage de qualité.
    • De mauvaise qualité, ce compost peut donc s’avérer polluant pour les terres agricoles. Le TMB trie de façon grossière, et ses procédés techniques favorisent la contamination mutuelle des différents types de déchets (ce qui est fort dommage si l’on vient d’effectuer une politique de tri poussée…). L’Allemagne a interdit l’usage de ces composts en agriculture ; l’ADEME qualifie cette pratique de dilution « d’artifices dangereux », tandis qu’Ecocert exclu ces composts pour l’agriculture biologique bien entendu. Bref, la seule façon d’obtenir un compost de qualité, valorisable, passe par la séparation des déchets organiques à la source.
  3. L’investissement est coûteux et dépendant des débouchés :
    • D’un point de vue strictement économique, cet investissement peut être intéressant si les débouchés ont été prévenus en amont, de la façon suivante par exemple.
        • Compost : réhabilitation de décharge, amendement agricole, usage en entretien des espaces verts communaux
        • Résidu stabilisé : enfouissement en centre de stockage
        • Biogaz : vente de chaleur, d’électricité et/ou de carburant, autoconsommation
        • Combustible haut PCI : incinération ou co-incinération

      Néanmoins, en termes de débouchés, pour l’instant j’ai l’impression qu’on a seulement de la valorisation énergétique pour … les cimenteries. On se retrouvera vite sur des coûts à la tonne comparables aux incinérateurs.

    • Le TMB produisant du compost de mauvaise qualité, parfois pas conforme à la norme, l’incinération ou la mise en décharge restent nécessaires, ce qui vient augmenter sensiblement le coût du prix moyen de traitement de la tonne de déchets en TMB. C’est bien ce qu’il va se passer au Puy en Velay, puisqu’il est déjà prévu de transporter 10% des déchets dans ma Drôme natale pour les enfouir.

La lecture des avis de l’ADEME et du CNIID vous donnera davantage d’éléments de compréhension.

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